La Corriveau : La véritable histoire de la sorcière du Québec

La Corriveau : La véritable histoire de la sorcière du Québec

Max Dionne

Une silhouette sinistre au détour d’un chemin…

Imaginez. Vous marchez seul la nuit dans les bois de Lévis. Le vent se lève, les arbres grincent, et soudain, vous entendez… le cliquetis métallique d’une cage qui se balance lentement. À l’intérieur, une silhouette osseuse. Un crâne, des cheveux en désordre, et une cage suspendue. La légende dit que si vous croisez cette apparition, votre mort est proche.

Ce cauchemar, c’est celui de La Corriveau, figure terrifiante du folklore québécois.

Mais cette légende a-t-elle une origine réelle ? Et qui était vraiment Marie-Josephte Corriveau, cette femme devenue mythe ?


La véritable histoire de Marie-Josephte Corriveau

Marie-Josephte Corriveau est née en 1733 à Saint-Vallier, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Elle grandit dans une société rurale sous domination française, puis anglaise. Très jeune, elle est mariée — d’abord à un homme qui meurt prématurément, puis à un second : Louis-Étienne Dodier, un cultivateur de Saint-Vallier.

Ce second mariage est difficile. On raconte que le couple se dispute souvent, que Dodier est violent. En janvier 1763, il est retrouvé mort dans son étable, le crâne fracassé.

Au départ, on croit à un accident. Mais rapidement, des soupçons se portent sur la famille Corriveau… et surtout sur Marie-Josephte.


Un procès… et un scandale

Sous le régime britannique nouvellement établi, un procès est rapidement organisé. Et c’est là que l’histoire bascule.

Lors de son premier procès, c’est son père, Joseph Corriveau, qui est accusé du meurtre. Il est condamné à mort. Mais, coup de théâtre : Joseph avoue avoir menti pour protéger sa fille, qui aurait elle-même frappé son mari avec un objet contondant pendant son sommeil.

Un second procès a lieu. Cette fois, c’est Marie-Josephte qui est jugée et condamnée à mort pour meurtre. Mais sa sentence est encore plus cruelle : après sa pendaison, son corps sera enfermé dans une cage de fer, suspendu à la vue du public.

C’est cette image — une femme morte, exposée comme un avertissement — qui va nourrir l’imaginaire collectif.


Une cage qui hante encore le Québec

La cage de La Corriveau aurait été exposée à Pointe-Lévy (aujourd’hui Lévis), près du fleuve. Pendant des semaines, voire des mois, les habitants de la région auraient vu ce sinistre squelette se balancer au vent.

L’impact est immense : enfants et adultes en sont terrifiés. On raconte que des gens changent de route pour ne pas passer devant la cage. Certains jurent avoir vu les yeux du crâne bouger. D’autres racontent que la cage bougeait toute seule, même par temps calme.


La naissance d’un mythe québécois

Au fil des années, La Corriveau devient une figure de sorcière, voire de démon.

Dans la littérature du XIXe siècle, elle est souvent dépeinte comme une empoisonneuse, ou même une femme ayant tué plusieurs maris — parfois jusqu’à sept ! Pourtant, rien ne prouve cela historiquement. Ce sont des ajouts inventés, qui viennent amplifier la légende.

L’écrivain Philippe Aubert de Gaspé évoque La Corriveau dans ses Mémoires, et contribue à ancrer cette image de « sorcière pendue » dans la culture québécoise.


Vérité ou exagération ?

Aujourd’hui, les historiens s’accordent à dire que Marie-Josephte Corriveau n’était pas une sorcière, mais une femme accusée d’un crime grave dans un contexte patriarcal, puis victime d’une légende noire forgée par le temps et la peur.

Sa cage, quant à elle, a refait surface au 19e siècle, retrouvée par hasard dans les collections du musée Peabody Essex Museum de Salem… oui, le même Salem des célèbres procès de sorcières !


La Corriveau aujourd’hui : entre mythe et mémoire

La figure de La Corriveau continue de fasciner au Québec. Des romans, des pièces de théâtre, des balados et même des bières locales portent son nom.

À Lévis, une sculpture commémorative lui rend hommage. Et chaque année, des curieux se rendent sur les lieux supposés de son exécution pour ressentir — ou entendre — ce qu’il resterait de son esprit.


Pourquoi La Corriveau nous obsède encore

Peut-être parce qu’elle cristallise nos peurs anciennes : celles de la trahison, du meurtre, de la punition publique. Mais aussi, parce qu’elle représente une femme qui, dans un monde d’hommes, a défié l’ordre établi… et en a payé le prix fort.

Entre justice expéditive, légende populaire et mémoire collective, La Corriveau est l’un des visages les plus troublants de l’histoire québécoise.


En résumé :

Marie-Josephte Corriveau a été pendue en 1763 pour le meurtre de son mari.

Son corps a été exposé dans une cage de fer à Lévis, ce qui a choqué toute la population.

Le mythe de la sorcière Corriveau s’est bâti au fil du temps, sans fondement historique réel.

Sa cage a été retrouvée et exposée aux États-Unis.

Aujourd’hui encore, son histoire intrigue et inspire.

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